La merde a de l’avenir !
Certains disent que 2020 leurs a été confisqué. Que cette année n’a pas existé. De 2020, ne retenons-nous pas des choses fortes ? Le meurtre - raciste, honteux, violent, bouleversant - de George Floyd a bel et bien existé, non ? Loin de moi l’idée de plomber l’ambiance. C’est que 2020 m’a appris à dire les choses. Accepter nos erreurs, les regarder bien en face et en tirer la merde pour en faire de l’engrais. C’est notamment ce qu’a fait la BBC, en juin de cette année soi-disant confisquée. La chaine publique britannique a mis en place un "Engagement créatif pour la diversité" qui verra la société dépenser 110 millions d’euros pour des contenus diversifiés et inclusifs. C’est non seulement vertueux, mais aussi fructueux ! Il est évident qu'avec plus de diversité, en se réoutillant de manière à ce que son contenu ressemble au public qui le consomme, la chaine a de très bonnes chances de s’en sortir financièrement. Et la communication inclusive ne consiste pas à montrer des gens de couleurs, des handicapés pompiers ou des femmes garagistes. Le changement doit se faire à la source : la diversité au sein des équipes qui prennent les décisions. (Vous, qui lisez ces lignes, n'avez pas ce pouvoir ? Alors continuez à poser des questions.)
Il ne faut pas « faire » de la diversité, il faut la vivre. Kenzo par exemple, pour sa collection printemps-été 2017, a été plus loin que mettre en avant des modèles noirs. La marque a tourné au Nigeria avec un staff composé de nigérians, et le clip célèbre la culture nigérienne. Si l'intention est authentique et qu'on ne cherche pas à « faire » de la diversité comme on suit une tendance ou qu’on respecte des quotas, si l’on veut juste tendre un miroir au monde actuel, alors le résultat reflètera naturellement la diversité dont nous parlons dans ce numéro. Être sincère et responsable c'est faire en sorte qu'elle ne soit plus un sujet et que les contenus ne soient pas liés aux seuls aspects visibles des identités. Féminisme, racisme, homophobie, préjugés contre les handicapés, ou les classes sociales, etc. Ne cherchons pas des solutions séparées. Construisons une base commune, examinons la manière dont nous créons des systèmes, supportons ce poids, et modifions celui qui existe aujourd'hui. Car, toujours, sans nos remises en questions, nos communications sont lettre morte.