Presse : il est encore possible de lancer de nouveaux magazines papier qui fonctionnent

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magazinesHier, 14 décembre, s’ouvrait la 16ème édition du Cristal Festival dédié aux innovations et créations digitales. L’après-midi était notamment consacrée aux éditeurs de news. Deux intervenants ont retenus notre attention. D’abord Rolf Heinz, Président et CEO du groupe Prisma Media, ensuite Olivier Bonsart, Président et CEO du quotidien français gratuit 20 Minutes. Le premier a tâché d’expliquer comment entre tradition et innovation, il était encore possible aujourd’hui de lancer de nouveaux magazines papier qui fonctionnent. Le second quant à lui a expliqué comment surfer sur la révolution digitale, qu’il n’a pas hésité à qualifier de « seule révolution marxiste qui fonctionnerait ».

Rolf Heinz, Président et CEO de Prisma Media

Rolf Heinz, Président et CEO de Prisma Media

Le marché de la presse, ce n’est plus un secret, a perdu de sa dimension. Dans ce contexte, Prisma Media dit suivre cinq convictions pour - non pas tenir le coup mais - grandir et encore créer de nouveaux magazines. Ces cinq mantras sont les suivants : l’équipe, c’est à dire l’humain avant tout, tant du point de vue de l’équipe que du public cible. En deuxième position arrive le contact avec le lecteur. « Il faut pouvoir répondre aux besoins et aux envies des lecteurs qui sont plus ou moins les suivants : qualité éditoriale, variété des formats, l’info partout tout le temps et les fonctionnalités et services intégrés», a expliqué Rolf Heinz. Troisièmement, il faut construire des magazines fonctionnels. C’est à dire que au delà du fond éditorial, du contenu, il faut utiliser la technologie et être innovant sur le plan ergonomique. « Avoir une longueur d’avance. » Mais attention et c’est là qu’arrivent les derniers points, et non des moindres, il est nécessaire aussi « de décélérer ! Le lecteur a envie d’approfondissement, il veut prendre le temps de s’informer, de lire. » C’est une sorte de retour à l’essentiel. Enfin, si ça marche pour Prisma Media c’est parce qu’une valeur de base du groupe est l’esprit d’entreprendre et le soutien à entrepreneuriat. Prisma Media n’a d’ailleurs pas hésité à lancer cinq nouveaux médias ces dernières années. « Pourquoi continuer ? Parce que ça fonctionne. La clé ? Se démarquer de ce qui existe déjà en terme de proposition éditoriale. » À titre d’exemple, le magazine Flow dédié au bien être (tant du corps que de l’esprit) est tiré à 100 000 exemplaires et plait à son public.

olivierbonsart

Olivier Bonsart, Président et CEO de 20 Minutes

Olivier Bonsart a quant à lui insisté sur l’importance de la participation citoyenne à la production d’information. Il a commencé son speech par ce résultat parlant d’un sondage d’IPSOS : « 57% des français pensent que la démocratie fonctionne mal ». En effet, la démocratie directe à l’époque de Rousseau n’était pas possible « techniquement ». Mais aujourd’hui, les nouvelles technologies permettraient d’introduire plus directement le citoyen dans les processus de décision et aussi dans la production de l’information. En prenant l’exemple de Hillary Clinton face à ses supporters qui lui tournent le dos pour prendre un selfie, Olivier Bonsart a bien résumé la situation : « désormais les gens veulent être sur la photo, faire partie de l’histoire ». C’est ce que 20 Minutes s’efforce de faire. Notamment en créant des groupes Facebook de discussion entre ses journalistes et les lecteurs, ainsi, ces derniers peuvent dire à la rédaction ce qui les intéressent et débattre.

Hillary Clinton

(c) Time

« Le journaliste doit s’augmenter du pouvoir de la foule. Le peuple de toute façon, avec Internet, a pris possession de l’outil de production. La révolution numérique serait en fait la première révolution marxiste qui fonctionne ». Par exemple lors du Festival de musique de Groningen, 20 Minutes a lancé « Tweete moi je te suis » sur Twitter. Ainsi les lecteurs demandaient au correspondant sur place où ils voulaient que le journaliste se rende. « Nous avons engagé un dialogue et nous en avons tenu compte » a conclut Olivier Bonsart avant de donner encore quelques exemples. La révolution numérique est en marche !