Propaganda 2.0

Communication / Media / News

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Les dernières élections sont en cours d'analyse par les politiciens et les journalistes de la rue de la Loi. En tant qu'experts en communication, nous avons certainement appris une chose : la propagande est de retour. Il s'agit d'une forme de communication dans laquelle une partie prenante essaie de gagner des partisans pour ses idées en diffusant délibérément des informations partiales et fabriquées. Un signal va-t-il retentir chez les électeurs ?

- Par Kris Poté, président de C² - 

De nombreuses organisations, malveillantes ou non, disposent désormais d'une panoplie d'outils de propagande. Une expression souvent utilisée en anglais dit : "On the Internet everyone is a dog" (Sur Internet, tout le monde est un chien). N'importe quel utilisateur de médias sociaux peut prétendre être tel qu'il ou elle aimerait que les autres le ou la voient, et non tel qu'il ou elle est réellement. Cela donne lieu à des interprétations erronées. Après tout, la propagande est une forme de communication qui fait seulement primer les intérêts de l'« expéditeur » et non ceux du « destinataire ». Le « destinataire » doit uniquement être induit en erreur ou mal informé. Et des entreprises comme Facebook ou Twitter ne font rien pour l'en empêcher ; au contraire, elles ne font que le rendre plus facile. L'excuse est qu'ils prétendent être des plates-formes technologiques, pas des éditeurs. Ce n'est pas tout à fait vrai. Demandez à nos éditeurs belges qui croulent sous toutes sortes de lois.
 
La technologie ouvre de nombreuses possibilités pour renforcer le matériel de propagande. Les images, et certainement les images en mouvement, sont plus fortes que les mots seuls. De plus, les algorithmes des Big Techs offrent beaucoup de techniques pour envoyer des messages fallacieux de manière plus ciblée, et pour renforcer ou perpétuer l'influence sur certains groupes cibles. Très bien pour ce qui est des messages neutres ou des messages fondés sur des faits, mais pas pour l'endoctrinement. L'atout de ces algorithmes sophistiqués est que le "destinataire" ne peut plus distinguer les fausses nouvelles des « vraies » nouvelles. C'est une évolution dangereuse. En tant que société et en tant qu'experts en communication, nous nous débattons avec des termes tels que communication politiquement correcte, et nous ne savons qu'en faire.
La propagande ne se limite pas aux partis politiques et aux autorités, les entreprises privées en font également usage. C'est aussi une tendance. Les entreprises font pression pour créer la meilleure image « subliminale » possible sur les médias sociaux, avec des influenceurs rémunérés et des campagnes payées. N'était-ce pas possible avec la publicité par le passé ? Bien sûr que si, mais la technologie a fourni un plus large éventail d'instruments pour le faire d'une manière beaucoup plus sophistiquée et sournoise. Être manipulé sans s'en rendre compte : c'est ce qu'on appelle la propagande 2.0. Ce phénomène a sans doute joué un rôle important dans le choix fait par certains électeurs le 25 mai...

Un texte de Kris Poté, président de C²
(l’association belge des professionnels de la communication
et des agences de communication).

KRIS POTE

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