Selon le CSA, la publicité manque de diversité

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Le CSA (conseil supérieur de l'audiovisuel)  a dévoilé les résultats de son cinquième baromètre "diversité et égalité" avec un volet inédit sur la communication commerciale. Cette étude devrait mettre en lumière une problématique qui dépasse largement le secteur de la pub, celle de la place et des représentations imposées aux femmes à l’intérieur de notre société", explique Karim IBOURKI, président du CSA. En effet, outre un état des lieux de l’égalité et de la diversité dans les programmes, un deuxième volet est consacré à la représentation des femmes et des hommes dans la communication commerciale. Cette approche s'inscrit dans un nouveau contexte légal. À ce sujet, PUB avait rencontré Joelle Desterbecq, Directrice des Etudes et Recherches, en charge de la diversité et de l’égalité entre les femmes et les hommes. 
Ce baromètre 2017 indique certaines tendances encourageantes, qui ne sont néanmoins pas suffisantes aux yeux du CSA puisque de nombreuses dégradations dans certains domaines ont également été relevées.
En effet, la diversité (genre, origine, catégorie socio-professionnelle, handicap) à l'écran continue d'être sous - ou mal- représentée. Le handicap dans les programmes télévisés est la catégorie la moins bien représentée.  Le CSA pose d'ailleurs la question du tabou vis à vis du handicap à la télévision. Aussi, la diversité des origines dans les programmes a elle aussi diminué. Concernant les catégories socioprofessionnelles, la représentation des professions manuelles,peu qualifiées et des personnes inactives, est faible. Enfin, la représentation des femmes dans les programmes télévisés a baissée de 2,55 points entre 2013 et 2017.  Malgré ces résultats, un constat encourageant est tout de même fait: dans les programmes d’informations, la proportion de femmes poursuit une augmentation continue.
Le CSA scrute aussi la publicité
Dans la communication commerciale, les femmes restent aussi sous-représentées. Mais ce n'est pas tant au niveau quantitatif qu'il est urgent de travailler -puisqu'il est possible d'amener les femmes à être représentées au même titre que les hommes (47% de représentations féminines dans la publicité, contre 53% pour les hommes) - mais surtout au niveau qualitatif. Les hommes sont moins soumis aux stéréotypes, qui les valorisent tout de même plus que les stéréotypes féminins.
Rappelez-vous, en mars dernier, ce mot-valise: “Adpology“, contraction de “publicité” et “pardon” en anglais. C’est le titre d’un film qui a beaucoup circulé sur le net depuis deux mois dans lequel la pub s’excuse directement auprès des femmes pour tous les clichés sexistes qu’elle véhicule depuis des années.

Les hommes sont davantage montrés comme des personnes actives, professionnelles, et tournées vers des activités physiques et créatives tandis que les femmes sont plutôt représentées dans des activités plus passives et tournées vers le soin et le foyer. La communication commerciale tend à assigner aux femmes et aux hommes un rôle et des occupations correspondant soi-disant à leur genre, les enfermant dès lors dans des caractéristiques immédiatement identifiables comme étant soit féminines soit masculines. La catégorie socio-professionnelle a pu être déterminée pour 40,40% des hommes contre 22,40% des femmes. De plus 32% des hommes sont mis en scène dans l’espace professionnel pour 15% des femmes.
"Bon nombre de représentations mises en exergue dans cette étude sont problématiques car la publicité dépose des traces dans nos esprits. En mettant en scène et en répétant sans cesse ces différences entre les hommes et les femmes, le récit publicitaire contribue à les conforter et les faire apparaître comme 'naturelles'. Il conforte les attentes sociales traditionnellement construite autour du masculin et du féminin, alors même que nous vivons dans un monde où les identités de genre ne cessent de se fluidifier et d'évoluer", souligne Joelle Desterbecq. 
Le CSA remarque donc que le domaine de la communication commerciale, tout comme le domaine des programmes télévisés doivent encore faire de nombreux efforts afin d'arriver à une égalité des origines dans ces deux domaines. Faut-il donc se poser la question de la pertinence de prévoir des objectifs plus précis dans ces secteurs ? 
L'étude du baromètre 2017 est disponible sur le site du CSA