The Cube analyse le Brexit

The Cube vient de développer un outil innovant qui permet d’identifier dans les médias belges papiers et digitaux le poids de différentes thématiques traitées par eux chaque jour. Pour se faire, The Cube a engagé Grégory Piet, consultant et docteur en science politique. Celui-ci a développé un outil qui permet de mettre en relation les différentes thématiques sur base d’un algorithme. Les thématiques ont été définies par lui et autour de ces thématiques, il a créé des dictionnaires nl/fr et une arborescence thématique qui permet d’analyser des univers autour des sujets, des personnalités ou des marques traités dans les médias.
La première analyse présentée par The Cube porte sur le Brexit.
Nous vous en proposons un résumé ci-dessous :

Depuis le début du mois de mai 2016, l’attention médiatique portée par la presse quotidienne belge a été multipliée par 200 entre le 3 mai 2016 et le 18 juin 2016 (au plus fort de l’attention médiatique belge sur le Brexit).

Depuis le 3 mai, les médias n’ont pas quitté des yeux le Brexit, même du coin de l’œil puisqu’aucun jour de la semaine n’est passé sans que le sujet soit évoqué par l’un ou l’autre quotidien belge. L’évolution du Brexit dans la presse belge est marquée par quatre personnalités britanniques et autant d’événements :
1. Les élections municipales de début mai en Angleterre et les sorties médiatiques de l’ancien maire de Londres, Boris Johnson, pro-Brexit ;
2. Les interventions médiatiques de Nigel Farage, pro-Brexit et l’instrumentalisation de la crise des réfugiés ;
3. Jo Cox et son assassinat le 16 juin 2016 ;
4. Les interventions médiatiques de David Cameron et son allocution le 21 juin 2016 présentant le Brexit comme un « risque énorme » pour la Grande-Bretagne.
Pour la campagne et dans le traitement médiatique belge, le 16 juin est véritablement un tournant avec le meurtre de Jo Cox.

Outre l’évolution médiatique, la question est de savoir mesurer l’attention médiatique portée par la presse belge sur le Brexit ? Les médias belges présentent tout d’abord le Brexit comme un enjeu européen. En effet, près de 29% de l’attention médiatique associée au Brexit parlent de l’Europe, des Etats membres, des Etats européens, etc. Le Brexit pose inévitablement la question de la construction européenne, d’une Europe à deux vitesses, des difficultés de décider à 28 et peut-être à 32, etc.

Le lien entre Brexit et Europe ne représente que 28,88% de la médiatisation totale du débat. Autrement dit, la presse belge va très vite se focaliser sur d’autres débats qu’une simple attention médiatique portée à la relation certes difficile entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. D’autres attentions médiatiques associées au Brexit vont ainsi très rapidement émerger.
La plus forte relation entre le Brexit et une autre thématique (après le débat européen) se concentre sur l’enjeu économique (soit 22,54% de l’attention médiatique). L’attention médiatique est portée sur les bourses qui s’inquiètent, sur les risques économiques majeurs, sur les indicateurs socio- économiques passant au rouge.

Les médias belges vont également mettre en exergue l’instrumentalisation importante de la crise des réfugiés dans la campagne, principalement par UKIP et Nigel Farage. Le Brexit
s’internationalise alors et dépasse les frontières européennes (9,86%). La lutte contre le terrorisme vient ajouter du grain à moudre pour les pro-Brexit et nourrir certaines interventions médiatiques (1,74%).

Pour la presse écrite belge, le Brexit représente aussi l’expression de nos valeurs, par le référendum et la démocratie participative (8,30%). Il s’agit d’une bonne occasion de mettre en évidence la liberté d’expression, les avis divergents et contradictoires sur des projets de société différents et de s’interroger sur le mode de scrutin. La place des religions nourrit également en partie le débat autour du Brexit, en lien avec la construction européenne et la crise des réfugiés.

Concernant le meurtre de Jo Cox, pour certains médias, l’événement modifie immanquablement l’issue des votes en faveur des anti-Brexit, alors que le 11 juin un quotidien britannique annonçait le coude à coude (50-50) dans un sondage entre les pro- et les anti-. Si ce meurtre influence la campagne, il modifie également en partie l’attention qui suit, même de loin, l’arrestation de l’assassin, et s’intéresse au contexte sécuritaire et judiciaire de la suite de la campagne (3,35%), etc...

Plus léger et anecdotique, l’Euro 2016 de football et l’Eurovision sont l’occasion de mettre
en lien le Brexit avec des réalités plus légères liées au sport (0,64%) et à la culture (1,56%).
Enfin, à la lecture du traitement médiatique belge, il ne s’agit pas (uniquement) d’une
question d’adhésion ou de rejet de la construction européenne, mais d’un enjeu politique
profondément ancré dans des questions de société qui traversent tous les pays européens
aujourd’hui, et a fortiori la Grande-Bretagne.