Une équation sans fin

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Facebook est devenu la norme. Avec 50% de la population belge inscrite, difficile de considérer la plateforme comme un simple média social; au même titre que le sont LinkedIn avec ses 2,3 millions de membres ou Twitter et son million. Ces réseaux sociaux, comme les autres d'ailleurs, sont aussi des acteurs médias qui monétisent leurs audiences. Et comme la porte est grande ouverte, les plus astucieux ont désormais un pied dans l'e-commerce et l'e-banking. Tous nous agrègent un contenu à la mesure de nos centres d'intérêt. Mieux encore, grâce à leurs algorithmes pointus, ils nous influencent à notre insu... de notre plein gré! Actuellement et ce n'est un hasard, de tous les contenus partagés, ce sont les vidéos qui ont le vent en poupe. Un milliard par jour en circulation sur Facebook. Qui plus est, elles se consomment et partagent principalement via nos smartphones. Si à ce niveau, la consommation de vidéo est de 22%, sur le réseau de Mark Zuckerberg, elle est de 65%! Accessoirement, les grands bénéficiaires sont aussi Youtube, Vimeo et cie. On ne conçoit d'ailleurs plus un site internet d'informations qui ne disposerait pas de vidéos pour soutenir ou illustrer son propos! Les accords de syndication vidéo, conclus entre des chaînes de télé et des groupes de presse vont dans ce sens. Car aujourd'hui, si l'écrit n'a certes pas perdu ses lettres de noblesse, la planète numérique œuvre « inconsciemment » pour sa dissolution dans l'image. Posts Facebook, publications sur LinkedIn ou Google +, tweets, sans oublier Pinterest et  Snapchat, s'accompagnent le plus souvent de petits films ou d'images qui prennent le pas sur le texte. Poussez le raisonnement à l’extrême et dans un an ne se partageront plus que photos et vidéos légendées. Et les contenus intéressants, agréables, dérangeants, interpellants,... que deviendront-ils? Écartelés entre du native advertising rampant et une application de type Blendle, qui selon un de ses fondateurs a été « conçu par amour pour le journalisme de qualité »? Je n'hésiterai pas à détourner le juste « Indignez-vous! » de Stéphane Hessel en « Réveillez-vous! ». Oui le native flirte dangereusement avec la publiscopie, non Blendle n'est pas iTunes, mais une manière aussi géniale que réductrice de transformer les contenus en simples marchandises. L'individualisation de la consommation média est-elle à ce prix?
Warzée Philippe 14_05_2013ry3qS
Philippe Warzée
Rédacteur en chef adjoint
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